
Il avait inventé un style élégant, raffiné et épuré à la fois, qui a fait fureur dans les années 1980-1990, notamment auprès de la jet-set. Plus célèbre à l’international peut-être qu’en France, le décorateur d’intérieur Christian Liaigre, né le 10 août 1943 à La Rochelle, est mort le 2 septembre à Paris, à l’âge de 77 ans.
Le « style Liaigre » – il portait son nom tant il était reconnaissable – mariait des lignes sobres dans des tonalités de blanc et de beige avec de belles matières, tels le bois, le marbre ou la soie. Ce « grand minimaliste », comme le décrit le Wall Street Journal, créait aussi ses pièces de mobilier, toutes incrustées de ses initiales CL.
Formé aux Beaux-arts et aux Arts décoratifs, Christian Liaigre, fils d’un vétérinaire vendéen, a débuté sa carrière en élevant les chevaux de concours de son grand-père. C’est à 40 ans passés, dans les années 1980, qu’après avoir dessiné une collection de meubles pour Nobilis, il ouvre sa première agence, rue de Grenelle, à Paris. Dans les années 1990, avec son aménagement de l’hôtel Montalembert, dans la capitale, puis celui de l’hôtel Mercer de Soho, à New York, le décorateur acquiert une renommée internationale.
Il est l’assurance d’un « zéro faute de goût » dans les intérieurs des plus fortunés. Aussi compte-t-il parmi ses clients des couturiers tels Karl Lagarfeld et Calvin Klein, des artistes dont Carole Bouquet ou Bryan Adams, jusqu’au galeriste new-yorkais Larry Gagosian et l’homme d’affaires Rupert Murdoch. Christian Liaigre essaime bientôt ses boutiques de Londres à Kuala Lumpur, où il ouvre une fondation d’art.
« Un fervent admirateur de Versailles »
Le créateur, propriétaire d’une galerie rue de Verneuil à Paris, a contribué à faire connaître les décorateurs hexagonaux à l’étranger, et a fait émerger un style dit français, en remettant les arts décoratifs à la mode. « Je suis un fervent admirateur de Versailles parce qu’au XVIIIe siècle, c’était moderne. La créativité était partout : aussi bien dans les moulures, les portes que les plinthes », disait-il. Dès les années 1980, quand se tient encore un salon de la matière plastique à Paris, le voilà qui prône l’artisanat d’art.
Il travaille avec une dizaine de métiers, ébénistes, tapissiers, selliers, marbriers… Ce qui ne l’empêche pas de glisser dans son décor classique et chic des bûches de bois brut en guise de guéridons, notamment en wengé, ce bois africain dont on fait les traverses de chemins de fer, ou des tissus en lin naturel… Christian Liaigre est aussi inspiré par son enfance en bord de mer : le sable blanc de l’île de Ré et le bois de pin, qu’il sublime avec une simple finition sablée.
C’est avec ce bois qu’il pare les corridors du super-yacht Vertigo de 67 mètres de long et remporte, en 2012, un Prix du design intérieur. En 2013, alors qu’à Miami il inaugure un show-room avec une centaine d’employés, à Paris, la maison de vente Piasa orchestre une vente record de ses créations. Et Christian Liaigre de s’étonner presque, en direct sur BFM-TV, d’une « cote élevée pour des meubles jeunes de quinze ans ».
Pour l’architecte d’intérieur Patrick Gilles qui a fait ses classes auprès de lui, Christian Liaigre « est l’héritier des décorateurs assembliers du début du XXe siècle, de ceux qui dessinaient, à l’image de Jean-Michel Frank, des intérieurs jusqu’aux meubles, des motifs pour les tissus jusqu’aux poignées de porte. Très curieux et cultivé, il s’inspirait aussi de Diego Giacometti pour le mobilier et les luminaires, ou de Brancusi pour les formes ». La décoratrice India Mahdavi, qui fut longtemps le bras droit de Christian Liaigre, décrit un homme « précis, rigoureux, attaché à la terre et aux belles matières, qui a contribué ces vingt dernières années à définir les codes de l’élégance dans les intérieurs du monde entier, inventant un nouveau classicisme à base de beige, de blanc et de bois ».
Christian Liaigre venait de signer la rénovation de l’ancien hôtel Lotti à Paris, devenu avec ses cent chambres supplémentaires une extension de l’hôtel Costes, le tout propriété de Jean-Louis Costes. Le nouvel hôtel Costes Lotti, avec bois exotique et escalier de marbre, doit ouvrir ses portes en octobre 2020.
September 11, 2020 at 10:36PM
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La mort du décorateur Christian Liaigre - Le Monde
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